C’est avec plaisir que je réponds de nouveau présent à l’appel de Jean Marc GOVERNATORI de préfacer son dernier livre, car, comme je l’explique dans mon livre « L’utopie », il est temps… il est grand temps que cette utopie devienne réalité.
Ce projet de société est désormais devenu plus qu’urgent, car si nous continuons cette folle course à la croissance matérielle, cette compétition effrénée et cette violence visuelle et verbale… l’humanité s’autodétruira.L’individualisme, le penser-pour-soi a pris le dessus et on peut remarquer que l’être humain se sent plus seul que jamais.
Plus on parle de croissance matérielle et de richesse financière, plus les gens expulsés de chez eux sont nombreux, contraints de vivre dans la rue. Plus on invente de nouveaux vaccins, plus les hôpitaux sont remplis et moins il y a de lits disponibles.
Plus on investit de crédits dans les matériels militaires, censés nous protéger et nous défendre, plus il y a de guerres…
Les enfants si assoiffés d’apprendre habituellement, ne savent presque plus ce qu’est la nature, autre que le parc à côté de leur immeuble, ils ne savent plus ce qu’est un animal, sinon ceux qu’ils voient à la télé ou dans le zoo, et encore moins que ce sont les animaux qui leur servent de nourriture.
Plus la société se bat contre quelque chose, plus cette chose se renforce… ; la solution est ailleurs.
Ce havre de paix où il fait bon vivre, où tout le monde a le droit de manger et d’avoir un toit sur la tête, ce havre de paix qu’était la terre avant l’humanité, ce havre de paix que l’être humain peut retrouver en lui-même, s’il cesse de chercher hors de lui même son propre bonheur.
Ce havre de paix pourra exister.
Heureusement, il y a de plus en plus de personnes conscientes et responsables qui comprennent que cette utopie que j’ai décrite pourra voir le jour si on applique certaines règles, si on a du courage et de la volonté. Si on prend notre responsabilité en mains. Si on se rend compte que l’on est une humanité, faite d’individus vivant les uns avec les autres et non pas les uns à côté des autres, sans les autres. Cette destruction des liens sociaux a créé une société individualiste, une société déshumanisée où l’on est
poussé à la consommation à outrance. Ce capitalisme réduit l‘humain à un simple consommateur et lui enlève sa responsabilité de créer, de co-construire une société valable et accueillante. On ne daigne plus regarder les personnes qui dorment dans la rue, car on sait peut-être inconsciemment qu’un jou r, à force d’inconscience, on pourrait être à leur place.
On peut sortir de ce cercle vicieux et pour cela on doit connaître les gestes à appliquer. On doit réapprendre à vivre ensemble, à se donner la main. On peut réapprendre à consommer, devenir consomacteurs, réapprendre à communiquer. Un havre de paix est à portée de mains, à portée de conscience dont, au fond, nous connaissons le secret.
Albert Jacquard